Artiste française installée à Los Angeles depuis plusieurs années et présente dans la collection François Pinault, Claire Tabouret est sortie de l’École des Beaux-Arts de Paris en 2006. Elle poursuit depuis une carrière prolifique, déployant dans son travail de peinture, de dessin et de sculpture une approche figurative dans laquelle le corps est le sujet central. Sa première rencontre avec la peinture, elle la vit à l’âge de 4 ans, devant les Nymphéas de Monet. Elle éprouve dès lors la nécessité de se confronter à cette forme de langage, à la matière picturale, et surtout, à la couleur. De cette découverte de la peinture au travers de l’impressionnisme, elle conserve dans son œuvre la fluidité d’un travail par couches transparentes et une recherche permanente sur la vibration des tons. Mais que signifie peindre aujourd’hui ? Car il y a la confrontation inévitable à toute une histoire de la peinture, à une technique très ancienne, contraignante. Pour Claire Tabouret, cette charge constitue un paradoxe : elle lui confère en réalité un espace de liberté, de lâcher prise, un lieu où se déploie le geste instinctif. Solitaire dans son grand atelier retiré du monde, elle absorbe le flux de notre monde agité pour le laisser refluer sur ses toiles. Habité d’une énigmatique étrangeté, son univers est celui d’un temps en suspension, peuplé d’êtres à la présence sensuelle indéniable. Dans cette atmosphère incertaine, il se joue quelque chose d’invisible, qui met le regardeur face à ses propres incertitudes.
« Depuis très longtemps je suis attachée à l’atelier. Avoir un atelier – la solitude de l’atelier –, « une chambre à soi », ça fait partie de cette aventure de la peinture. »
* Entretien avec Claire Tabouret par Emmanuel Abela et Héléna Coupette, 2018