Tsherin Sherpa What Is It You See?

Almine Rech Paris is pleased to present What Is It You See, Tsherin Sherpa's first solo exhibition with the gallery, on view from January 11 to February 17, 2024.

Tsherin Sherpa was born and raised in Kathmandu and from the age of thirteen studied Tibetan Buddhist scroll painting with his father. In his late twenties, he relocated to California, where he continued his traditional art practice before moving beyond its boundaries to establish his own, unique artistic expression.

Through distortion, deconstruction, rupture, and rearrangement, Sherpa stretches, bends, reconfigures, and repurposes elements from Tibetan art, merging them with modern imagery. Through these transformations, he contemplates the collisions of culture and identity negotiated by displaced people. Sherpa’s creations celebrate Himalayan culture while simultaneously challenging its frequently romanticized representations.

Sherpa’s art resists simple classification, delicately balancing binaries such as sacred and secular, traditional and modern, gravity and humor. His creations challenge the formal strictures of his artistic training while also signaling his insistence that meaning within his work should not, and cannot, be fixed. Like the forms themselves, meaning is open, fluid, and evolving, dependent on what each viewer projects onto them.

This exhibition’s paintings represent the latest evolution in Sherpa’s Protectors series. With them, the artist conveys the boundless energy of Tibetan Buddhism’s wrathful deities by transforming their usually static portrayals into great masses of swirling color reminiscent of hurricanes viewed from space. Except in one work, where they completely envelope the canvas, these vibrant vortexes emerge from gleaming golden backgrounds, some figured with symbols from Tibetan Buddhism’s often macabre iconography. But are these multihued maelstroms, their edges melting away in long drips, materializing from or instead dissolving into those luminous voids? With some of his playful titles, the artist appears to nod toward one of Buddhism’s most profound philosophical principles: nonduality, the reality that form and formlessness are not so much opposites as both equally computations of the mind.

Sherpa’s exploration of ambiguity—and with it his resolve to situate meaning in the beholder’s eye—extends beyond Buddhist philosophy, to Western psychology and consumerism. An updated Protectors composition first presented at Brisbane’s 2015 Asia Pacific Triennial bears the cheeky title “This is not a Rorschach Test.” And the title of the exhibition’s sole sculptural work—a three-dimensional outgrowth from his Gestures series—references the futility of materialism. An adaptation of a monumental bronze shown at the most recent Venice Biennale, the sculpture’s grasping limbs, intertwined with serpents, are as much a phantasm as the objects of their attraction.

— John Henry Rice, curator at the Virginia Museum of Fine Arts and originator of the artist's recent retrospective exhibition and catalogue Tsherin Sherpa: Spirits

Almine Rech Paris a le plaisir de présenter What Is It You See, la première exposition personnelle de Tsherin Sherpa avec la galerie, du 11 janvier au 17 février 2024.

Tsherin Sherpa nait et grandit à Katmandou où, dès l’âge de treize ans, il étudie avec son père la peinture bouddhiste tibétaine sur rouleaux. À l’approche de la trentaine, il s’installe en Californie ; il y poursuit sa pratique artistique classique, puis s’affranchit de ses codes pour se tourner vers une expression artistique plus personnelle et véritablement unique.

Par distorsion, déconstruction, destruction et réarrangement, Sherpa étire, tord, reconfigure et réemploie des éléments de l’art tibétain pour les fusionner avec une iconographie moderne. Ces transformations lui servent à interroger le choc de cultures et d’identités qu’affrontent les personnes déplacées. Les créations de Sherpa rendent hommage à la culture himalayenne tout en questionnant ses représentations souvent romancées.

L’art de Sherpa résiste aux catégorisations trop simples ; il joue d’un équilibre délicat de dualités - sacré et profane, tradition et modernité, gravité et humour. Ses créations interrogent les contraintes formelles de sa formation artistique tout en affirmant avec force que le sens de son œuvre ne doit pas, ne peut pas rester fixe. Comme les formes elles-mêmes, le sens de son travail est ouvert, fluide et évolutif : il dépend de ce que chaque regardeur y projette.

Les peintures de cette exposition forment la dernière évolution de sa série Protectors. Avec elles, l’artiste exprime l’énergie sans limite des divinités courroucées du bouddhisme tibétain : il transforme les représentations habituellement statiques en grandes masses de couleurs tourbillonnantes qui rappellent des images d’ouragans vus de l’espace. A l’exception d’une œuvre, où ils recouvrent entièrement la toile, ces vortex éclatants s’imposent sur un fond doré rutilant ; certains sont composés de symboles issus de l’iconographie souvent macabre du bouddhisme tibétain. On hésite : ces maelströms multicolores, dont les extrémités se dissolvent en larges bavures, sont-ils plutôt en train de se matérialiser ou de se dissoudre dans ces vides lumineux ? A travers ses titres parfois ludiques, l’artiste semble faire un clin d’œil à l’un des principes philosophiques les plus profonds du bouddhisme, la non-dualité, réalité selon laquelle forme et vacuité ne sont pas tant des opposées que des vues de l’esprit équivalentes.

L’exploration de l’ambiguïté à laquelle se livre Sherpa – et avec elle, sa volonté de situer le sens dans l’œil du regardeur – s’étend au-delà de la philosophie bouddhiste, vers la psychologie et le consumérisme occidentaux. Une composition revisitée des Protectors - présentée pour la première fois lors de la Triennale Asie-Pacifique de Brisbane en 2015 - porte le titre provocateur de “This is not a Rorschach Test”. Et le titre de l’unique œuvre sculpturale de l’exposition – excroissance tridimensionnelle de sa série Gestures – évoque la futilité du matérialisme. Adaptation d’un bronze monumental présenté à la dernière Biennale de Venise, elle est faite de bras et de jambes pêle-mêle, entrelacés de serpents, qui sont autant des fantasmes que les objets de leur attraction.

- John Henry Rice, conservateur au Virginia Museum of Fine Arts et initiateur de la récente rétrospective et du catalogue de l'artiste Tsherin Sherpa : Spirits