Tia-Thuy Nguyen Sparkle in the Vastness

'Sparkle in the Vastness', Tia-Thuy Nguyen’s first show with Almine Rech presents a suite of more than twenty multi-media paintings from the artist’s ongoing series “I, my, me, cloud” (2018–). Impressed at an early age by her father’s experience as a pilot in the Vietnam Air Force during the war (1955–1975), the artist has developed a deeply nuanced appreciation of clouds – what they can reveal and resemble, but also what they might hide. Enchanted by her father’s majestic descriptions of flying through clouds in his plane, Tia was also frightened by his cautionary tales of clouds providing cover for enemy planes.

Capturing this dichotomy, Tia's paintings evoke a wide range of moods - from joy and hope, to gloominess and anxiety. Embellished with beads and embroidery, the glittery, shimmery works reflect the complexity, mystery and mutability of Tia's chosen subject matter. Representing an homage to her father - who passed away in 2022, and whose presence the artist has since experienced as a light radiating from inside herself - Tia’s recent works evoke historical associations of light and spirituality, from sun streaming through stained-glass windows in a cathedral to Mark Rothko’s radiant abstractions.

As the series’ title suggests, “I, my, me, cloud” explores the subjective and ephemeral nature of celestial accumulations of moisture. Moisture, however, is only part of the equation when it comes to how we experience clouds. Light also plays a key role and is therefore a major subject for the artist. Rooted in the Quantum Theory of Light[1], Tia’s paintings conjure photons (the minute particles that make up light itself) via tiny glass beads, each of which reflects light differently to give the impression of an oscillating surface. With a nod to the French Impressionists, who conceived a new style of painting based on their desire to capture the effects of light on landscape, Tia has found a mixed-media technique that brings painting beyond mimesis or expression and towards experience. Expanding upon the disparate daubs of paint that Claude Monet, Berthe Morisot and Camille Pissarro used to conjure fleeting effects of sun, shadow and atmosphere on water and land, Tia uses thousands of beads and yards of colorful wool, jute, and bamboo yarns to create dazzling live interplays of light and shadow across the surfaces of her paintings.

In some cases, as in the work Flying to Eternity, the entire composition has been bedazzled with thousands of beads sourced from India, Prague, China, Poland, Vietnam and Japan. Reflecting the light differently according to ambient conditions of in gallery as well as the precise perspective of the viewer, the surface of the painting appears to be in constant flux. Building on what the Impressionists sought to evoke using paint alone, Tia's mixed-media creates compositions that are actually and forever changing - sometimes subtly, sometimes dramatically - according to their surroundings. Like a never-ending game of tag, light bounces around the surface and changes the composition again and again. It is impossible to experience one of these paintings the same way twice.

In other works, like The Lap of Sunrise, Tia has also embroidered onto the canvas, adding layers of warmth and softness over the original painted image. Though the embroidery does not glint or sparkle like the beading, these stratified surfaces court shadows and highlights in ways that suggest depth and density. Tia's fluffy swirls and curls of vibrant shades of red, pink, orange and yellow also recall the psychedelic patterns associated with Emilio Pucci prints. The link to couture is apt, as Tia is also a fashion designer and has long incorporated traditional beading and embroidery techniques into her designs.

Tia's color palette, which is not based on her observations of natures, sets her apart from the Impressionists and provides a connection even further back into art history. The bold, bright, wholly unexpected colors that characterize her cloud paintings are inspired by traditional Vietnamese folk arts, particularly the technique of Hàng Trống, which dates back to the sixteenth century. A mixed-media process, Hàng Trống begins with a woodblock print that provides a template for the main compositional elements of the final painting. Each print is hand-painted with bright colors and slightly varied details. The fact that Hàng Trống paintings can be considered both serial and unique is something Tia explores further in her own work. Depicting the same subject matter over and over, Tia insists on the one-of-a-kind status of each cloud (and each artwork.)

For Tia, clouds are like a blank canvas onto which elements like color, form and materiality are not intrinsic, but imposed. What we see as clouds are really the results of multiple external factors such as light, wind and moisture levels, all of which are constantly in flux. When Tia adds paint, beading and embroidery to canvas, she imposes an image on the canvas. However, by design, each of Tia's cloud paintings will be seen and interpreted differently.  More so than clouds themselves, the main subject of Tia's paintings is subjectivity itself.

-- Mara Hoberman, curator and writer

[1] Proposed by Albert Einstein in 1921, the Quantum Theory of Light states that light travels in bundles of energy, each bundle known as a photon.

« Sparkle in the Vastness » (Une étincelle dans l'immensité), la première exposition de Tia-Thuy Nguyen à la galerie Almine Rech présente une série de plus de vingt peintures de techniques mixtes issues de la série « I, my, me, cloud », en cours depuis 2018. Marquée très tôt par l'expérience de son père, pilote de l'armée de l'air vietnamienne pendant la guerre avec les États-Unis (1954-1975), l'artiste a développé une appréciation profondément nuancée des nuages : ce à quoi ils peuvent ressembler et ce qu'ils peuvent révéler, mais aussi dissimuler. Émerveillée par les descriptions majestueuses des vols de son père à travers les nuages dans son avion, Tia était également effrayée par ses mises en garde contre les nuages où se cachaient les avions ennemis. Saisissant cette dichotomie, les peintures de Tia évoquent un large éventail d'états d'âme, allant de la joie et de l'espoir à la morosité et à l'angoisse. Agrémentées de perles et de broderies, les œuvres scintillantes et chatoyantes reflètent la complexité, le mystère et la mutabilité du sujet choisi. Hommage à son père, décédé en 2022, dont l'artiste ressent depuis la présence comme une lumière irradiant de l'intérieur d'elle-même, les œuvres récentes de Tia évoquent des associations historiques de lumière et de spiritualité, du soleil filtré par les vitraux d'une cathédrale aux abstractions rayonnantes de Mark Rothko.

Comme l'indique le titre de la série, « I, my, me, cloud » explore la nature subjective et éphémère des accumulations célestes d'humidité. L'humidité n'est toutefois qu'une partie de ce que nous percevons des nuages. La lumière joue également un rôle clé et constitue donc un sujet majeur pour l'artiste. Ancrées dans la théorie quantique de la lumière[1], les peintures de Tia évoquent les photons (les minuscules particules qui constituent la lumière elle-même) avec l'ajout de minuscules billes de verre, dont chacune reflète la lumière différemment pour donner l'impression d'une surface oscillante. En clin d'œil aux impressionnistes français, qui conçurent un nouveau style de peinture basé sur leur désir de représenter les effets de la lumière sur le paysage, Tia a trouvé une technique mixte qui permet à la peinture de dépasser la mimêsis ou l'expression et l'oriente plutôt vers l'expérience. En développant les taches de peinture disparates que Claude Monet, Berthe Morisot et Camille Pissarro utilisaient pour évoquer les effets fugaces du soleil, de l'ombre et de l'atmosphère sur l'eau et la terre, Tia se sert de milliers de perles et de mètres de fils de laine, de jute et de bambou colorés pour créer d'éblouissants jeux d'ombre et de lumière sur la surface de ses tableaux.

Dans certains cas, comme dans l'œuvre Flying to Eternity, l'ensemble de la composition s'illumine de milliers de perles provenant d'Inde, de Prague, de Chine, de Pologne, du Viêt Nam ou du Japon. Réfléchissant la lumière différemment selon les conditions ambiantes de la galerie et l’angle de vue exact du spectateur, la surface de la peinture semble être en constante évolution. En s'appuyant sur ce que les impressionnistes cherchaient à évoquer en utilisant uniquement la peinture, les techniques mixtes de Tia créent des compositions qui changent réellement et à jamais – de manière parfois subtile, parfois spectaculaire – en fonction de leur environnement. Comme un jeu de poursuite sans fin, la lumière se réfléchit sur la surface et ne cesse de modifier la composition. Il est impossible de voir ces tableaux deux fois de la même façon.

Dans d'autres tableaux, comme The Lap of Sunrise, Tia brode également sur la toile, ajoutant ainsi des couches de chaleur et de douceur à l'image peinte originale. Bien que la broderie ne brille pas comme le perlage, ces surfaces stratifiées flirtent avec les ombres et les lumières, créant ainsi une illusion de profondeur et de densité. Les tourbillons et les boucles duveteuses de Tia, aux riches nuances de rouge, de rose, d'orange et de jaune, rappellent également les motifs psychédéliques associés aux imprimés d'Emilio Pucci. Ce lien à la couture est tout à fait approprié, car Tia est également créatrice de mode et intègre depuis longtemps les techniques traditionnelles de perlage et de broderie dans ses créations.

Sa palette de couleurs, qui s’éloigne de ses observations de la nature, la distingue des impressionnistes et permet de remonter encore plus loin dans l'histoire de l'art. Les couleurs audacieuses, vives et tout à fait surprenantes qui caractérisent ses peintures de nuages s'inspirent des arts folkloriques vietnamiens traditionnels, en particulier de la technique Hàng Trống, qui remonte au XVI^e siècle. Le Hàng Trống est un procédé mixte, à partir d’une gravure sur bois qui fournit un modèle pour les principaux éléments de composition de la peinture finale. Chaque impression est peinte à la main avec des couleurs vives et des détails légèrement variés. Le fait que les peintures Hàng Trống puissent être considérées à la fois comme des séries et comme des œuvres uniques est un aspect que Tia explore dans son propre travail. Tout en reprenant le même sujet, Tia souligne le caractère unique de chaque nuage (et de chaque œuvre d'art).

Pour Tia, les nuages sont comme une toile vierge sur laquelle les éléments tels que la couleur, la forme ou la matérialité ne sont pas intrinsèques, mais imposés. Ce que nous percevons comme des nuages est en réalité le résultat de multiples facteurs externes tels que la lumière, le vent et les niveaux d'humidité, tous en constante évolution. En ajoutant de la peinture, des perles et de la broderie, Tia impose une image sur la toile. Cependant, chaque peinture de nuages est conçue pour être vue et interprétée différemment.  Plus que les nuages eux-mêmes, le sujet principal des peintures de Tia est la subjectivité elle-même.

Mara Hoberman

[1] Suggérée par Albert Einstein en 1921, la théorie quantique de la lumière stipule que la lumière se déplace par amas d'énergie, chaque amas étant appelé photon.