Pour sa première exposition personnelle à Paris, Anita Dube présentera un ensemble d’œuvres, basées sur la récupération, réappropriation et transformation d’objets du quotidien (matériaux industriels, fragments de corps de mannequins,…). Ces objets, recouverts de motifs camouflage, dénoncent l’omniprésence de la violence en Inde et de par le monde.
« Si vous regardez bien la façon dont je procède, vous verrez que je recouvre entièrement des objets trouvés, afin de faire disparaître toute trace de leur vie passée. On ne peut plus dire quelle a été leur fonction première. […] Je tente une transformation au sens alchimique ou dialectique, afin que l’objet émerge de son passé utilitaire pour tenir un nouveau rôle énonciateur ou hallucinatoire dans la culture ou l’art. Les déguisements sont par essence provisoires et réversibles, mais dans mon cas, aucun retour à l’état initial n’est possible. »
Ce principe de récupération se retrouve également dans une autre installation Marsia, mur incliné retenu par des cordes qui l’empêchent de s’effondrer. Cette œuvre, reprise exacte des Jaali (motifs architecturaux ajourés) présents dans les importants monuments islamiques en Inde, est réalisée avec des emballages de polystyrène retravaillés et complètement transformés en structure architecturale.
Marsia se réfère à la poésie élégiaque, chantée pendant le Muharram (premier mois du calendrier islamique), cette installation est une métaphore de l’effondrement des valeurs traditionnelles, retenues par la seule volonté, ici de l’artiste.
Comme l’explique Anita Dube : « le Jaali […] est la voix "humaine", la voix "féminine", la voix des "mystiques", des " marginaux" que je veux porter au premier rang, dans cette époque où règnent intransigeance et fanatisme. »