Présentée à la fois dans les salons historiques et les galeries contemporaines de la Monnaie de Paris, l'exposition "L'argent dans l'art" couvre plus de 20 siècles d'histoire de l'art sur le thème des rapports complexes entre art et argent, de l'antiquité et ses mythes jusqu'à nos jours.
Depuis l’Antiquité, l’argent nourrit l’imaginaire des artistes, et en particulier le métal or, si présent dans les mythes et l’art antique (Danaé ou le veau d’or par exemple). Des origines aux mythes, en passant par les métiers d’argent et la morale religieuse jusqu’à l’invention du marché de l’art, les représentations de l’argent se sont multipliées au fil des siècles.
La peinture religieuse illustre les épisodes « transactionnels » de la Bible (L’adoration des Rois Mages, Le Denier de César, les 30 deniers de Judas, …), et y apparaissent les thèmes de l’avarice, de la charité, du « bon et du mauvais riche » et les injonctions morales (Vanités, memento mori). Dans les pays convertis à la Réforme protestante, à partir du XVIe siècle, se multiplient les représentations de transactions monétaires, du commerce en plein développement et des métiers d’argent. La naissance de l’impressionnisme représente un basculement historique avec de nouveaux modes économiques qui se dessinent dans le champ du commerce de l’art. C’est en effet à partir de la seconde moitié du XIXe siècle qu’une rupture esthétique avec l’Académie ébranle les liens entre la valeur travail, la valeur d’usage et la valeur d’échange. Une dérégulation de la mainmise de l’État sur l’art au travers de l’Académie s’opère, avec comme résultat une valeur des œuvres fixée par le jugement critique au détriment des critères académiques. À partir du XXe siècle, l’artiste ne se contente plus de représenter les thèmes traditionnels liés à l’argent ; il engage une réflexion sur ses mécanismes, dès lors que ces derniers sont immanents à l’œuvre d’art.
Deux attitudes radicales s’opposent, d’un côté une valorisation du geste de l’artiste, indépendamment de la réalité matérielle de l’objet d’art, de l’autre, une revendication provocatrice de l’art comme moyen de faire de l’argent. « Cette exposition illustre à merveille la programmation culturelle de la Monnaie de Paris. L’argent, la monnaie ne sont pas que des instruments d’échange économique. Ils sont porteurs de sens et s’inscrivent dans l’espace social. C’est ce que nous voulons donner à voir dans les salons de la Monnaie : la manière dont les artistes traitent du thème de l’argent et de ses représentations dans la société ». Marc Schwartz, Président-Directeur Général de la Monnaie de Paris Le visiteur sera guidé à travers des salles thématiques telles que « La morale chrétienne de l’argent », « Le monde de la finance », « La valeur de l’art : que vend l’artiste depuis Duchamp ? » ou encore « L’Argent exhibitionniste ». L’exposition réunit environ deux cents pièces de nature, d’époques et d’horizons divers avec des prêts de collections publiques, comme le musée du Louvre, le musée d’Orsay, le musée National d’Art moderne - Centre Pompidou, mais également de nombreux musées régionaux, ou encore de galeries et de collectionneurs privés.
Une sélection de films sur le thème de l’argent, sera également intégrée au concept de l’exposition. Certains films seront présentés dans les salles, d’autres feront aussi l’objet d’un cycle de projection en plein-air dans les cours de la Monnaie de Paris.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Jean-Michel Bouhours, ancien conservateur en chef du Centre Pompidou et directeur du Nouveau Musée national de Monaco (2003- 2008), historien d’art, auteur de nombreux ouvrages et textes sur l’art du XXe siècle. Ses principales expositions sont : Len Lye (Centre Pompidou, Le Fresnoy, Musée d’art contemporain de Strasbourg), Kees van Dongen (NMNM Monaco, Musée des Beaux-Arts de Montréal, Museu Picasso Barcelone), Arman (Centre Pompidou et Tinguely Museum), Dalí (Centre Pompidou, Museo Reina Sofia Madrid), Anselm Kiefer (Centre Pompidou), Michel Nedjar (LaM-Villeneuve d’Ascq), Dali Eureka et André Masson (Musée d’art moderne de Céret), Van Dongen (Franciscaines de Deauville). « La relation entre l’art et l’argent ne saurait se réduire à des considérations économiques entre valeurs et échanges. Le capitalisme a certes fait de l’œuvre d’art une marchandise comme une autre ; pour autant, l’art impose une valeur idéelle, irrationnelle, flottante voire gazeuse, du zéro à l’infini (ou presque), car il touche à l’inquantifiable : le désir, le plaisir, le rêve, la pulsion, et exacerbe ce que Karl Marx appelait : « l’énigme de la valeur ». Jean-Michel Bouhours, Commissaire de l’exposition