Chaque année, et ce depuis maintenant douze ans, Le Voyage à Nantes modifie le tracé au sol d’une ligne verte au rythme de la transformation de la ville, au rythme où nos horizons urbains ne cessent de se développer et s’affranchir des frontières physiques, pour célébrer une nouvelle façon de voyager.
Cette ligne verte se déroule entre les lieux emblématiques de la cité des Ducs. Des artistes sont invités à s’insérer sur ce trajet aux courbes de plus en plus nombreuses, en interprétant un morceau de ville à travers une œuvre, installée pour un été ou un temps plus long. Certaines offrent un nouveau point de vue, d’autres évoquent un fait du passé ou traduisent d’une manière créative un aspect de l’identité nantaise, d’autres encore sont désormais visitées comme éléments d’un nouveau patrimoine.
SERRE DE L’ÎLE AUX PALMIERS - JARDIN DES PLANTES
La Mouche morte
JOHAN CRETEN
Johan Creten est depuis ses débuts un fervent défenseur de la céramique et du bronze sur la scène artistique contemporaine, et il en est l’un des précurseurs majeurs.
Mêlant imagerie populaire, sensualité et beauté, ses sculptures allégoriques hybrides entre figuration et abstraction représentent un monde plein de poésie, de lyrisme et de mystères.
Entre 2019 et 2022, Johan Creten a créé 17 animaux monumentaux en céramique pour la série Bestiarium, qui, telle une arche de Noé, réunit mouton, chien, hippocampe, escargot, lièvre, mouche, araignée, sauterelle, castor, pélican, sanglier, hérisson… tous entièrement modelés en céramique émaillée avec des glaçures.
L’artiste réalise pour Le Voyage à Nantes un agrandissement de l’une des oeuvres originales de cette série : La Mouche morte, qui a récemment rejoint les collections permanentes du musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Faussement naïves, souvent étranges ou inquiétantes, les créatures de Johan Creten sont chargées de symbolisme et questionnent notre regard. Cette ambivalence de sens se retrouve dans La Mouche morte. Elle est à la fois troublante, inquiétante, drôle et impertinente. On peut reconnaître facilement la mouche morte que l’on découvre parfois dans l’encadrement d’une fenêtre, mais cette vision est étrangement contrebalancée par une sensation étrange d’érotisation. Les interprétations sont multiples, entre la mort et la vie, la remémoration et la projection vers l’avenir, la séduction et le dégoût. La Mouche morte oscille dans cette incertitude du sens chère à l’artiste.
(COUR INTÉRIEURE)
Sans titre
JOHAN CRETEN
Cette sculpture, dont l’origine remonte à 1998, est la toute première sculpture en bronze réalisée par Johan Creten. Réplique d’une pièce en céramique, la sculpture a vécu près de l’étang de son père pendant des années et s’est patinée à force d’être touchée. « Mon père disait que cette sculpture portait le poids du monde à sa place. C’est une sculpture de souffrance. »
Cette sculpture est celle d’un anonyme, d’un être en souffrance. Est-il victime de sa condition collective ou de sa condition personnelle ? Ce personnage ne représente personne en particulier mais une multitude, des gens que l’artiste a croisés au fil de ses déplacements et voyages, notamment en Italie où il a rencontré beaucoup d’individus ayant fait « la traversée », le cheminement de l’exil en passant par la Méditerranée.
Pour parvenir à la cour feutrée de cet ancien ensemble d’hôtels particuliers, il faut traverser un long couloir, éclairé faiblement par des luminaires anciens. Dans cet espace secret de la ville, c’est aussi dans l’histoire que l’on pénètre. Construits aux 17e et 18e siècles, ces bâtiments ont été édifiés par des notables, dont l’un était armateur.
Cette œuvre de jeunesse prend de manière fascinante une toute nouvelle signification dans notre monde actuel.
En dialogue avec l’intimité et l’histoire du lieu, l’oeuvre Sans titre de Johan Creten se dévoile comme un antimonument, et permet au public de faire la rencontre d’une sculpture portant en elle de multiples messages, entre tragédies et espoirs de notre passé et de notre présent.
DOMAINE DE LA GARENNE LEMOT
La Grande Colonne
JOHAN CRETEN
Du 1 juillet 2023 au 30 juin 2025
Célèbre pour ses sculptures allégoriques en céramique et en bronze, Johan Creten poursuit depuis les années 1990 ses représentations d’un monde plein de poésie, de lyrisme et de mystères.
L’imaginaire de Johan Creten se nourrit de thèmes, de motifs et d’objets qui prennent avec lui un sens symbolique.
La Grande Colonne est une œuvre née pour la première fois en poudre de marbre et résine en 2010 et installée pendant une dizaine d’années au Middelheim Museum à Anvers en Belgique. Aujourd’hui, c’est en bronze que cette sculpture majestueuse de cinq mètres de haut se découvre pour la première fois en regard des fabriques et du paysage composé du parc de la Garenne Lemot.
Entre les figures d’un arbre, d’une fleur, d’un personnage et de tentacules de pieuvre, cette sculpture oscille entre abstraction et figuration et puise dans de multiples références à l’architecture et à la nature.