La galerie Almine Rech est heureuse de présenter « The Lovers », la première exposition personnelle de William J. O'Brien à la galerie et en France.
Précédant une importante rétrospective du jeune artiste américain au Museum of Contemporary Art de Chicago, l’exposition rassemble une série de sculptures en céramique réalisées entre 2008 et 2013, et un ensemble de nouvelles œuvres sur papier. La sélection témoigne de la diversité des médiums chez William J. O’Brien et des thématiques en jeu dans son travail depuis près de dix ans.
William J. O’Brien a su s’approprier le retour de la céramique observé dans la création contemporaine depuis une dizaine d’années, partie d’artistes reconnus comme Rosemarie Trockel et Thomas Schütte et repris par la jeune génération. Ses sculptures en céramique témoignent de l’étendue de son vocabulaire en déclinant des formes complémentaires, voire opposées : elles oscillent entre le mat et le brillant, entre des formes anthropomorphes aux coulures salies et les lignes droites d’une abstraction géométrique héritière de Calder. La main pourtant, le façonnage, sont toujours présents. Il y a une inspiration primitiviste qui s’impose d’emblée chez William J. O’Brien : la référence aux masques grimaçants d’Océanie dans ses sculptures, la culture des native americans dans les frises géométriques bigarrées de ses dessins aux couleurs franches. Il ne s’agit pas chez William J. O’Brien d’un motif identitaire ou d’un hommage à une histoire indigène : l’artiste est né dans l’Ohio, a étudié à l’Art Institute de Chicago, et son usage des formes primitives serait plutôt celui d’un Picasso, d’un Paul Klee ou des surréalistes, prenant le contre-pied d’une certaine sophistication automatisée de la forme à sa génération. La pratique de la céramique chez O’Brien joue avec talent de ce retour à un expressionnisme premier (il n’est pas anodin de savoir que l’artiste a été instructeur dans un centre pour malade mentaux qui utilisait la thérapie par l’art), d’une représentation de l’humain flirtant parfois le grotesque mais que l’artiste présente sur des socles, dans un dispositif parfaitement muséal et ironiquement institutionnel. Le double héritage primitif et moderniste est d’ailleurs un point d’ancrage important dans l’enseignement de l’Art Institute et sur la scène artistique de Chicago, dont sont issus des artistes comme Nancy Spero ou plus récemment Sterling Ruby. D’ailleurs, une des premières expositions de groupe qui a fait connaître William J O’Brien fut l’exposition « Modern Primitivism » à la Shane Campbell Gallery en 2009. The Lovers permet aujourd’hui d’appréhender l’étendue de son expression, à la fois sensible et intelligente.
Né en 1975 à Eastlake, Ohio, William J. O'Brien vit et travaille à Chicago. Il a récemment participé à plusieurs expositions, notamment Wet ‘N Wild à la galerie Marianne Boesky (New York 2013), à The Nerman Museum of Contemporary Art (Overland Park, KS, 2012), Works on Paper au SHAHEEN Modern and Contemporary Art (Cleveland, Ohio, 2011) et The Renaissance Society à l'Université de Chicago (Chicago, 2011). Une rétrospective lui sera consacrée au Musée d'Art Contemporain de Chicago à partir de Janvier 2014.
Judith Souriau