« Les objets sortant des tableaux ne sont pas une nature morte mais existent d’abord par la peinture pour ensuite prendre vie en volume et conserver leur aspect pictural. » - Garance Vallée
La galerie Almine Rech est heureuse de présenter la première exposition monographique de Garance Vallée à Paris intitulée Tous ces objets qui n’en sont pas, du 30 juin au 29 juillet 2023.
Connue pour son œuvre totale qui fusionne les territoires de l’architecture, de l’art et du design pour explorer de nouvelles relations entre le corps, l’espace et les objets, ainsi que leurs liens avec la domesticité, le quotidien et l’intimité, l’artiste française repense constamment la place de l’homme dans son environnement et sa réconciliation avec la nature. Avec désinvolture et dextérité, incarnant une nouvelle génération à l’éclectisme décomplexé, elle s’affranchit des règles de la conception architecturale pour déployer dans toutes les dimensions un univers décloisonné. Comme autant d’indices qui se déploient dans l’espace, ses tableaux sont tels des renderings architecturaux aux perspectives volontairement tronquées, débordant dans l’espace réel. En développant un réseau d’ambiguïtés entre peinture et installation, entre réel et digital, entre intérieur et extérieur, Garance Vallée réalise délibérément le grand écart du monde digital contemporain entre espaces physiques et espaces virtuels.
L’exposition Tous ces objets qui n’en sont pas propose une plateforme immersive en jouant sur la notion de storefront de l’espace lui-même. Créant de nouvelles perspectives, une vitrine réversible, comme une « double fenêtre » sur le monde, peut être abordée à la fois de l’intérieur et de la rue. Ses tableaux sont autant d’entrées dans les espaces intimes, envisageant la sphère quotidienne, l’habitat comme un « symbole d’enfermement mais aussi une source de réinvention de soi-même », selon les mots de l’artiste. Jouant sur le paradoxe de l’espace fermé permettant une ouverture d’esprit, Garance Vallée interroge le rôle du domestique à l’ère digitale, post-covid, faisant écho à la distinction de plus en plus poreuse entre public et privé, entre sphères extérieures et intimes. Dans ces espaces clos sans présence humaine, les objets, insufflés de promesses de voyages, de rêves, sont autant d’affirmations de forme et matière, et non plus de fonction. « Les objets sont représentés de la même manière qu’une figure humaine, comme un portrait de famille, chargés de symboles personnels ».
Invitation à entrer et à sortir de ses peintures, à l’image d’une immersion totale dans son univers plastique, ses installations permettent de se projeter entièrement dans ses œuvres, de les habiter. A l’ère du métaverse, Garance Vallée joue subtilement sur les ambiguïtés de notre époque, renversant nos conceptions du réel. En s’affranchissant ainsi librement des règles de la perspective et des codes de représentation architecturale, à la recherche de nouvelles utopies, elle imagine des mondes en miniature comme de nouvelles formes d’habitologies. Rapproché des objets représentés, notre corps devient ainsi lui aussi un objet parmi tant d’autres. « L’objet devient le sujet ».
- Jérôme Sans, critique et curator