La théorie des couleurs d’Albers nous l’apprend : tout est relatif, ou plus précisément toute couleur n’existe que par rapport à une autre couleur. Le clair-obscur est invisible s’il n’a pas quelque chose à contraster. Et comment le sfumato pourrait-il créer cette luminosité si particulière sur un océan de néant ? Le phénomène ne se limite pas à la vue, il s’immisce dans tous nos sens.
On définit souvent le bruit blanc comme un bruit de fond, voire une pollution sonore. Dans le langage courant, il désigne aussi le brouhaha d’une conversation inconséquente. En physique, cependant, le bruit blanc décrit le sifflement d’un radiateur ou le grésillement parasite d’une radio.
Le bruit rose, à l’inverse, se retrouve souvent dans la nature : les vagues qui se brisent sur la plage, le bruissement des arbres dans le vent ou le crépitement régulier des gouttes de pluie.
De façon intéressante, nombre de nos contemporains placent une « machine à bruit » sur leur table de chevet, source de réconfort et aide à l’endormissement. Ces appareils, parfois baptisés machines à bruit blanc, sont le plus souvent programmés pour reproduire du bruit rose, par exemple le murmure d’une cascade.
Quel est donc leur équivalent optique ? Sans doute éprouvons-nous du plaisir à reconnaitre les motifs pour contempler un tableau de Peter Schuyff ; il en va de même pour les boucles sans fin de Blair Thurman. Dans une interview de 2015, John M Armleder disait que pour lui, l’art n’avait de sens que lorsqu’il était en train de le réaliser. Un point de vue éminemment bruit rose : éphémère, mais profondément intégré.
- Bill Powers