Claire Tabouret | If Only The Sea Could Sleep

Every year, Le Voyage à Nantes dedicates the spaces of the HAB Galerie to a single artist. Through this major solo show, a year’s given artist is invited to pursue their work by taking on the imposing concrete architecture of this former banana storehouse. Past exhibitions by Roman Signer, Felice Varini, Huang Yong Ping, Daniel Dewar and Grégory Gicquel, and Céleste Boursier-Mougenot more recently, offered an opportunity for an unprecedented exploration of an artist’s work, whether it is through video, sculpture, painting, or installation, by showing pieces that have been designed or created in situ.

Based in Los Angeles for the past several years, Claire Tabouret has continued developing a figurative body of work since graduating from Les Beaux-Arts de Paris in 2006. In her paintings, drawings and sculptures, her main subject is the human body. Although she was first spotted for her series Maison inondée (“Flooded House”) where she was interested in aquatic and nocturnal worlds, then with Migrants, where solitary men drifted on makeshift rafts, Claire Tabouret eventually devoted her art to group and individual portraits.

In them, she captures the body, arresting it in a freeze frame, and telling intimate stories charged with memories – and the enigma of the world: “I’m constantly collecting images, and my painting is triggered when a question surges forth and I can no longer get rid of it. I paint what I can’t see.”

For Claire Tabouret, this exhibition at the HAB Galerie offers us an opportunity to see her painting on an entirely different scale than that of classical framed and stretched canvases. Here, she can extract the figures from her work and turn them into volumes within a custom-designed space. Every Claire Tabouret show is like the new chapter of a story set to paint. Los Angeles – city between mountains, desert and ocean, where she has lived for several years – has become her elsewhere. Imagining she had to cross the seven seas to reach Nantes, Claire Tabouret went to the port of San Pedro along the Californian coast to find the cloth used for sails, which became the medium for her painting. Cut, stretched and re-stitched, the surface of these gigantic new canvases has become home to different human figures. Suspended throughout the gallery, these sails are left to dance freely to the drafts or slight winds caused by passing visitors. Stained and made threadbare by their various journeys, they are almost tanned like leather. Beige, raw and yellowish, they like skins tattooed by the artist’s collages and paintings.The figures – both feminine and masculine – walk towards the horizon, turn their backs, hold hands, kiss, embrace one another... Since there is no background scenery, these bodies float in a nameless world. Sometimes, out of these large, frameless canvases, these silhouettes take on three dimensions and become painted plaster sculptures. By contrast with the faded tones of the painted sails, these same characters appear in the acidic colours of the monotype hanging on the wall. These prints feature a dynamic composition of superimposed patterns – of bodies that come to life, writhe and struggle. Inspired by If Only the Sea Could Sleep: Love Poems – a collection of Syrian poems by the poet Adonis to whom she pays homage – Claire Tabouret uses the constant movement of the sea as a metaphor to translate the emotional ebb and flow of a romantic encounter.

With this in mind, she invited musicians Aska Matsumiya and Alex Somers to create an original sound composition evoking the slow calm of the ocean – but one that occasionally transforms into a massive wave that comes crashing down and floods the entire space. This exhibition is a dizzying, visual poem that could well turn into a brand-new love song!

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Claire Tabouret

If Only The Sea Could Sleep

Jul 6 — Sep 15, 2019 | HAB Galerie

Chaque été, le Voyage à Nantes confie l’espace de la HAB Galerie à un artiste. A travers une exposition monographique d’envergure, l’artiste est amené à poursuivre ses recherches en se confrontant aux généreux volumes de béton de cette architecture d’ancien hangar à bananes. Ainsi, les expositions passées de Roman Signer, Felice Varini, Huang Yong Ping, Daniel Dewar et Grégory Gicquel, ou encore dernièrement Céleste Boursier-Mougenot, pour ne citer qu’eux, furent l’opportunité de proposer une plongée inédite dans l’oeuvre de l’artiste, qu’elle soit vidéo, sculpture, peinture, installation, en montrant des oeuvres pensées et réalisées in-situ.

Française installée à Los Angeles depuis quelques années, Claire Tabouret développe depuis sa sortie de l’école des Beaux- Arts de Paris en 2006 une oeuvre figurative – peintures, dessins et sculptures – où le corps est devenu le sujet majeur. Alors qu’elle s’est fait connaître avec la série Maison inondée, où elle s’intéressait au monde aquatique et nocturne, puis avec Migrants, où des hommes seuls voguaient sur des embarcations de fortune, Claire Tabouret s’est ensuite consacrée au portrait collectif et individuel. Elle capte les corps comme en arrêt sur image, et parle d’une histoire intime empreinte de souvenirs, et plus largement de l’énigme du monde: « J’accumule sans cesse beaucoup d’images, et la peinture se déclenche lorsque surgit une part d’interrogation, lorsque je ne peux plus m’en débarrasser ; je peins ce que je ne vois pas. »

Pour Claire Tabouret, l’exposition à la HAB Galerie sera l’occasion de penser son travail de peinture à une toute autre échelle que celle du châssis et du format classique de la toile, et d’en extraire des figures qui deviendront volumes, dans un espace pensé sur mesure. Chaque exposition de Claire Tabouret est comme le nouveau chapitre d’une histoire mise en peinture. Los Angeles, ville entre montagne, désert et mer dans laquelle elle vit depuis quelques années, est devenue son ailleurs. Imaginant qu’il faille traverser les mers pour rejoindre Nantes, Claire Tabouret est allée chercher sur la côte californienne, dans le port de San Pedro, des voiles de navire qui deviennent le support de sa peinture. Découpées, tendues et recousues, ces nouvelles gigantesques toiles accueillent en leur surface l’ombre de silhouettes humaines. Suspendues dans l’espace, les voiles sont laissées libres de bouger au gré des courants d’air et du passage du visiteur qui les traverse. Tachées et usées par leurs différents voyages, elles sont tannées comme le serait un cuir. Beiges, écrus, jaunâtres, elles sont autant de peaux tatouées par les collages et la peinture de l’artiste. Les silhouettes, féminines et masculines, marchent vers l’horizon, tournent le dos, se tiennent la main, s’embrassent, s’enlacent... Sans jamais aucune représentation d’arrière- plan, ces corps flottent dans un monde non identifié. Parfois, de ces grandes toiles sans châssis émergent des silhouettes en volume, sculptures en plâtre peint. Les tons ténus des voiles peintes contrastent avec les couleurs acides des monotypes accrochés au mur qui représentent les mêmes personnages. Ces encres sur papier figurent, dans une composition dynamique faite de superposition des motifs, des corps qui s’animent, s’agitent, se débattent. S’inspirant de poèmes d’Adonis à qui elle emprunte le vers If only the sea could sleep, Claire Tabouret prend pour métaphore les mouvements incessants de la mer pour traduire la houle des sentiments d’une rencontre amoureuse.

C’est ainsi qu’elle invite les musiciens Aska Matsumiya et Alex Somers pour une composition sonore originale évoquant la lente quiétude de l’océan qui parfois se transforme en déferlante envahissant tout l’espace. Vertigineux poème pictural, l’exposition pourrait bien se transformer en love song inédite !