Les débats un temps houleux sur la légitimation du médium photographique dans le champ de l’art, puis ceux sur la pertinence des créations vidéo appartiennent à un monde disparu, que le numérique, la 3D et leurs avatars créatifs repoussent à des années lumières.
L’explosion des technologies numériques élargit la palette des moyens offerts aux artistes et induit des ruptures tant au niveau du support remis en cause dans sa matérialité qu’à ceux de la forme et du contenu. Ces nouvelles technologies sont en phase avec une mobilité accrue amplifiée par la circulation de l’information embrassant la diversité des modes de vie. Elles incitent à la prise de conscience d’une interdépendance planétaire. Dans le même temps les genres classiques de la peinture et de la sculpture, marginalisés dans l’enseignement des écoles d’art que l’on croyait voués au repli dans les musées, non seulement perdurent, mais manifestent un regain de vitalité soutenu par l’intérêt d’un large public.
Quant au contenu, il évacue de plus en plus les problématiques essentiellement artistiques de l’art pour l’art, les approches descriptives ou laudatives. Les démarches sont aujourd’hui de nature critique, voire dé-constructive. Les préoccupations des artistes portent de plus en plus sur des thématiques sociétales (altérité, genre, identité) ou environnementales. Les recherches prospectives ne sont pas pour autant délaissées questionnant en particulier les avancées scientifiques.
Conséquence de ces attentions buissonnantes et de la multiplication de nouveaux outils qui déplacent le savoir-faire et bouleversent la conception, la matérialité et la durée de l’œuvre, la création apparait aujourd’hui plus que jamais émiettée. Difficile de discerner une tendance dominante. La création est au contraire, multiple et contradictoire, utopique ou dystopique, questionnant le passé ou projetée vers l’avenir, louant l’équilibre de la nature ou valorisant les solutions de la science.
L’exposition présentée ici est l’expression de cette diversité à travers un choix subjectif d’artistes dont nous apprécions particulièrement le travail.
Jean-Paul Blanchet