Du 9 novembre 2024 au 9 février 2025, la Fondation Maeght présentera l’exposition « Mountain » de l’artiste coréenne contemporaine Minjung Kim. Reconnue internationalement pour ses œuvres poétiques et minimalistes, l’artiste tisse un lien subtil entre tradition et modernité. Travaillant principalement à l’encre sur papier traditionnel coréen Hanji de grandes dimensions, elle réalise des compositions d’une grande délicatesse, où la répétition de motifs s’apparente à une méditation sur le temps, la nature et la spiritualité.
« J’ai visité la Fondation Maeght de nombreuses fois (…). La toute première fois, c’était en 1990, et j’ai été vraiment submergée par le charme de l’endroit et de son environnement naturel. Les artistes présents et leurs œuvres étaient extraordinaires, sublimés par la lumière du sud de la France. Cela m’a fait réfléchir à la manière dont une famille a su réunir un groupe d’artistes aussi talentueux, unis par leur amitié, pour créer un héritage aussi grand, devenant l’une des fondations privées d’art les plus renommées d’Europe. C’était une expérience totalement nouvelle pour moi. Les dimensions des salles étaient idéales, le soleil, la lumière et les œuvres d’art créaient une atmosphère particulière. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour, j’aurais l’opportunité d’y exposer. À cette époque, les artistes se réunissaient, échangeaient des idées et partageaient leurs expériences en personne, créant ainsi une communauté solide. Aujourd’hui, malheureusement, nous sommes plus isolés, dépendant de la communication numérique – comme les SMS –, ce qui nous fait perdre ce pouvoir collégial que nous avions autrefois. On peut se sentir assez seul en tant qu’artiste dans le monde de l’art. Je suis très heureuse d’avoir la chance de montrer mon travail à la Fondation Marguerite et Aimé Maeght. Depuis 2006, j’ai un atelier à Saint-Paul-de-Vence, où je passe régulièrement du temps à créer des œuvres inspirées par mon environnement. Je suis venue ici pour échapper à la ville et m’immerger dans un autre type de créativité. C’est un bonheur de faire partie de cet univers, et les mots ne peuvent pas vraiment exprimer mon enthousiasme à propos de cette exposition à la Fondation. »
Minjung Kim, artiste coréenne née en 1962 à Gwangju, s’est formée à la peinture traditionnelle à l’Université Hongik de Séoul. Elle décide en 1991 de poursuivre ses études en Italie, à l’Académie des Beaux-Arts de Brera, à Milan. C’est là que son travail évolue de la peinture traditionnelle asiatique vers l’abstraction, en se concentrant sur le papier Hanji, un papier coréen fabriqué à partir d’écorce de mûrier. L’art de Minjung Kim se caractérise par de grands formats à l’encre ou à l’aquarelle et pour certaines œuvres par un processus méditatif de brûlure et de découpe du papier Hanji, explorant les effets du feu pour représenter le temps, l’espace, et la décomposition naturelle. En brûlant le papier, elle crée des œuvres abstraites qui mêlent destruction et création, évoquant la fragilité et la constance de la nature. Cette approche lui permet de réinterpréter les traditions asiatiques de la peinture à l’encre, en y intégrant des éléments plus contemporains et expérimentaux.
Minjung Kim consacre des heures à une concentration extrême, répétant des gestes précis et minutieux qui deviennent pour elle un rituel méditatif. Le feu, la couleur, et les formes créées par ces superpositions de papier évoquent une harmonie silencieuse, une tranquillité qui reflète son état d’esprit. Pour elle, cette répétition est une forme de pratique spirituelle, une façon de se perdre dans l’acte créatif et de plonger profondément en elle-même. À travers cette technique unique, Minjung Kim crée des œuvres qui ne révèlent pas un sujet précis, mais qui ouvrent de nombreuses interprétations selon les expériences des spectateurs. Minjung Kim, fidèle aux matériaux naturels comme le papier Hanji, l’encre et le feu, allie la tradition à l’expérimentation, et cherche dans chaque œuvre à exprimer la beauté du temps qui passe et l’incomplétude de la vie.
« Pour la série « Mountain », j’utilise un pinceau unique. À chaque couche, j’ajoute plus d’encre pour obtenir une teinte plus foncée. Le défi réside dans le fait que je dois imaginer la quantité exacte d’encre qui assombrira progressivement la couche vers le bas du papier. Il n’y a pas de mesures précises, c’est uniquement une question d’estimation de la quantité d’encre ». Minjung Kim