Leelee Kimmel makes assertively abstract paintings, and yet nonetheless her work engages in a playful yet conceptually investigative manner with issues of “hidden,” surreptitious, or cryptic representation. She is committed to the formal adventure of abstraction, but abjures any comforting illusions about purity or purgative “rigor.”
Kimmel works in painting, sculpture, and virtual reality. Her paintings evoke the tension between the macro and the micro, creation and destruction, motion and quietude. Personal signage pops off of and invades the canvas in multilayered oil, oil stick and acrylic.
Text by Pierre Billen, Critique and Curator:
“La voilà, Leelee Kimmel, debout dans le vide. Les couleurs jaillissent, flambent, soupirent, s’accrochent aux murs comme des souffles anxieux, incertains de vouloir danser ou se retirer, reculer ou éclater. Ici, dans The Wilds and the Shore, chez Almine Rech, nous trouvons la frontière. Et à la frontière, il y a toujours un moment avant de tomber, avant de se lancer au-dehors, un moment où le souffle s’arrête dans la poitrine, dans ce couloir étroit entre le courage et le désespoir. Ah, mais l’œuvre de Kimmel est déjà en pleine chute, se déployant, se dispersant devant nous, non pas comme un son, ni même comme un silence, mais comme l’espace entre les deux, cet entre-deux où l’art vit et meurt.
Entrer, c’est trébucher—non, flotter—sur des eaux étranges, des couleurs insondables. Ces formes, ces expressions fiévreuses, flottent hors de vue pour réapparaître, se reconstituant dans un nouveau chaos. Un visage, à moitié formé, se dissout dans un océan ; le rivage apparaît, tremble, puis disparaît. Des figures naissent pour mourir aussitôt, animées par la couleur seule, orphelines, rejetées par la marée avant même de pouvoir respirer. C’est un lieu où les choses s’approchent du bord et ne reviennent pas, comme si elles laissaient quelque chose derrière elles dans le processus.
Il y a ici une mémoire, ou peut-être un oubli, un espace entre le corps et l’esprit. Les couleurs frappent, s’enroulent, s’effondrent sur elles-mêmes, implacables comme une pensée, mais toujours juste hors de portée. Les peintures s’étirent, déversant leurs entrailles sur la toile, comme une vie contrainte de se presser dans des espaces qu’elle ne peut remplir. Rien ne s’ajuste, et c’est là l’essentiel. Aucune vie ne trouve sa place ici, aucune forme ne tient, et pourtant elles continuent leur chemin. La forme cède au chaos pour revenir encore, fragile, craintive, désespérée de quelque chose d’indicible, incapable de s’arrêter.
Chaque peinture dégouline, flotte, tombe. Le rivage rencontre les étendues sauvages et ne laisse derrière lui que la promesse d’un autre souffle.”
“There she is, Leelee Kimmel, standing in the void. Colors spilling, flaring, sighing, clinging to the walls like anxious breaths, unsure whether to dance or retreat, recede or erupt. Here, in The Wilds and the Shore, at Almine Rech, we find the edge. And on the edge, there’s always a moment before falling, before flinging oneself outward, a moment where the breath halts in the chest, in that narrow corridor between bravery and despair. Ah, but Kimmel’s work is already mid-fall, unfurling, scattering itself before us, not as sound, not even as silence, but as the space in between, the between-ness where art lives and dies.
To enter is to stumble—no, to float—on strange waters, colors unfathomable. These forms, these fevered expressions, they float out of sight and reappear, reconstituted in new chaos. A face, half-formed, dissolves into an ocean; the shore appears, trembles, and dissolves. Figures are born only to die, brought to life by color alone, orphaned and flung back to the tide before they can breathe. It is a place where things come to the edge and don’t return, as though leaving something behind in the process.
There’s a memory here, or maybe a forgetting, a place between body and mind. The colors strike, coil, collapse in on themselves, relentless as thought, but always just out of reach. The paintings stretch, spilling their guts on the canvas, like life forced to squeeze itself into spaces it cannot fill. Nothing fits, and that’s the point. No life fits here, no shape holds, and yet they go on making their way. Form gives way to chaos and returns again, fragile, fearful, desperate for something unnamable, unable to stop.
Each painting drips, floats, falls. The shore meets the wilds and leaves nothing in its wake but the promise of another breath.”